La mort d’Abner

Tout est quasiment prêt pour que le jeune David, l’ancien berger, devienne le nouveau roi de tout Israël. C’était il y a près de 3000 ans ! Le chef de l’armée du roi Ishbosheth, Abner, négocie la réunification des tribus autour de David. Abner est d’abord un défenseur de la dynastie de Saül, le roi précédent. Il est l’homme fort du roi Ishbosheth et maintenant, il passe dans le camp opposé, celui de David. Cependant, Abner a aussi tué un certain Asaël, qui a un frère nommé Joab. Joab est le chef de la garde rapprochée de David. J’espère que je ne vous perds pas en route, mais pour faire court : Abner se rallie à David et devient un de ses proches. Cependant, Abner a également tué Asaël, le frère de Joab, qui est lui aussi un proche de David. On imagine qu’il va y avoir une tension entre ces deux-là ; et effectivement, c’est ce qui arrive. Joab va voir David et lui demande comment il peut faire la paix avec l’assassin de son frère. De plus, Joab n’a pas confiance en Abner et pense que ce dernier prépare un mauvais coup. Il a déjà été capable de trahir son ancien maître, pourquoi ne trahirait-il pas David, lui qui aime tant le pouvoir ? On ne sait pas comment David réagit face à ces accusations, mais le narrateur biblique signale que Joab convoque Abner, officiellement sur ordre du roi, or c’est un piège. « Joab poignarde en plein ventre Abner, le tuant pour venger la mort de son frère Asaël », tel est le récit biblique. Lorsque David apprend l’initiative de Joab, il est atterré. Il craint surtout qu’on pense qu’il a commandité l’assassinat d’Abner. Il déclare pour que tous l’entendent : « Le Seigneur le sait, je suis innocent du meurtre d’Abner. Que seul Joab et toutes sa famille en subisse les conséquences. » David organise de grandes funérailles pour Abner et, de façon ostentatoire, pleure, prononce une complainte et entre dans le jeûne. En fait, il veut que tout le monde soit convaincu de son attachement à Abner, il veut montrer sa reconnaissance pour la politique de ralliement qu’avait mis en place le mort, et que personne ne pense qu’il est responsable de cet assassinat. En effet, toutes les tribus d’Israël écoutaient Abner et s’étaient ralliées à son avis qui était de rejoindre David et d’en faire le roi. Si on soupçonne David d’avoir fait assassiner Joab, David craint que plus personne ne se rallie à lui. Il joue serrer ; mais il semble avoir convaincu tout le monde. Une phrase résume alors, de façon étonnante, ce qui se passe : « D’ailleurs, le peuple approuve toujours ce que fait le roi ! » Ce commentaire n’est pas aussi rassurant qu’il y paraît.




