Intervention du prophète Nathan

Le roi David, en ce temps-là, avait non seulement commis un adultère, mais il avait manigancé pour faire mourir le mari trompé. On dirait un mauvais scénario. Le roi voit une jolie femme, il la veut, il couche avec elle, il lui fait un enfant. Comme le mari est à la guerre, David le fait revenir sous un prétexte et le renvoie chez sa femme, espérant pouvoir faire croire, dans quelques mois, que le mari est bien le papa. Mais le stratagème ne fonctionne pas et le roi se débrouille pour que le mari meure dans un traquenard. La femme, Bathsheba, à la fin de son deuil, est épousée par le roi et elle met l’enfant au monde. Fin provisoire de l’histoire où il faut remarquer au moins une chose qui n’est pas un détail : Bathsheba ne dit pas un mot. Certains prétendront peut-être qu’en ce temps-là et dans cette culture, les femmes n’avaient jamais rien à dire ! Pourtant, dans la suite de l’histoire, on remarquera que Bathsheba est une femme de caractère et qu’elle est capable de se défendre, ou du moins de défendre son enfant. Quelques-uns diront peut-être que le roi a abusé de son pouvoir et de ses droits pour prendre la femme d’un autre ! C’est bien possible, et il y a là aucune excuse acceptable. Certains diront encore que Bathsheba est une intrigante et qu’elle place les pièces de son jeu subtil puisque c’est finalement son fils qui règnera à la suite de David ! Une autre façon de culpabiliser la femme et donc d’avoir une lecture misogyne de la Bible. Les avis sont multiples et sans doute que dans le palais, et peut-être même dans tout Jérusalem, les cancans vont bon train. Certains plaignent la pauvre veuve qui peut se consoler d’avoir un fils de son défunt mari ! D’autres rient sous cape en racontant toutes sortes de grivoiseries. C’est alors que survient, auprès du roi, le prophète Nathan. Nathan n’attaque pas le roi frontalement. Il lui sert une étrange histoire dans laquelle un homme riche manifeste une parfaite injustice en profitant de la faiblesse d’un pauvre homme. David est alors indigné par cette histoire et signale aussitôt qu’il faut arrêter cette injustice et qu’il faut condamner à mort l’homme riche coupable d’une faute grave. Nathan répond : en fait, je parlais de toi, et de ce que tu as fait subir autant à Bathsheba qu’à Urie son mari ! Voici la sanction que je te signale de la part de Dieu : parce que tu as agi avec violence, dans cette affaire, c’est la violence qui va s’abattre sur toi ! Le règne que je t’ai offert, tu vas le perdre ! » Alors seulement, David semble mesurer l’inconduite dans laquelle il s’est perdu. À ce niveau de l’histoire, il ne peut faire qu’une chose : reconnaître sa culpabilité. Franchement ! Il était temps !




