Est-ce moi, Seigneur ?
Il vous est peut-être arrivé de vivre un super moment entre amis, ou en famille. Tout est génial, tout le monde semble bien profiter du moment, et voilà que quelqu’un dit à un truc, plutôt déplacé, et d’un seul coup, l’ambiance est plombée ! Plus personne n’ose rien dire et chacun s’examine en se demandant s’il a bien entendu.
Lors du dernier repas de Jésus, alors qu’il est avec ses disciples, douze compagnons avec lesquels il vit depuis trois ans, une bombe éclate. C’est Jésus qui l’a dégoupillée. « En vérité, j’ai une chose à dire ici et maintenant. L’un de vous est prêt à me trahir ! » Boum ! Les bouches restent ouvertes, mais plus un son ! Les gestes sont suspendus ! « Il a dit quoi là ? » Dans le silence gêné, Pierre qui est le leader du groupe et qui a tendance à parler avant tout le monde, reste lui aussi scotché ! Il fait signe à Jean d’interroger Jésus. Pierre sait que Jésus affectionne particulièrement Jean – sans doute parce que c’est un cousin du maître, mais aussi et peut-être parce qu’il est le plus jeune. C’est en tout cas ce que dit la tradition. Jean murmure au Seigneur : « Euh ! c’est qui ? » Jésus répond : « Je vais tremper un morceau de pain dans le plat et vois à qui je le donne. C’est lui ! » Jean observe et voilà que Jésus donne son bout de pain à Judas, tout en ajoutant : « Ce que tu as à faire, fait le vite ! » Les autres disciples entendent cette remarque et se demandent de quoi il s’agit. Ils pensent que Judas doit aller faire une course puisque c’est lui qui a la bourse commune. À moins que ce soit le moment d’aller faire un don au Temple, ce qui doit se faire en ce jour-là ! Judas se lève et sort. Jean, qui est dans la confidence, a peut-être compris, lui, ce qui se trame. Il note ce qu’il voit au moment où Judas passe la porte : il faisait nuit. Et c’est vrai que les ténèbres approchent. On le vérifiera quelques lignes plus loin : Judas est allé rejoindre les prêtres à qui il dénonce la présence de Jésus. L’évangéliste Marc relate l’épisode en ajoutant un élément intéressant. Après que Jésus ait signalé qu’un des présents allait le trahir, tous devinrent tout tristes, et ils se mirent à lui demander, l’un après l’autre : « Est-ce moi, Seigneur ? »
J’imagine que lorsqu’on a su que Judas était le traitre, onze disciples ont été indignés, qu’ils se sont aussi sentis soulagés ! « Ouf ! C’est pas moi ! » Cela veut dire que, quelque part, ils ont tous pensé qu’ils en étaient capables !
Ne tirez pas trop vite sur le pianiste. Le pianiste, c’est peut-être vous !
