David et Jonathan
Dans le premier livre de Samuel, au chapitre 20, on trouve une histoire très touchante et d’une grande tristesse à la fois. Il y a le jeune David, gendre du roi Saül, qui se retrouve dans une situation fort inconfortable, car le roi lui-même cherche à le faire mourir. En effet, David est devenu très populaire, tandis que la cote de popularité de Saül est en berne. Le roi craint pour son trône, où il espère placer son fils comme héritier. Ce fils, c’est Jonathan. Cependant, Jonathan est tombé en amitié avec David. On parle aujourd’hui de « crush amical » ou de « bromance ». Certains pourraient interpréter cette amitié comme une relation ambiguë, mais pour décrire ce qui se passe entre David et Jonathan, le texte biblique dit : « L’âme de Jonathan s’attacha à l’âme de David. »
Fort de cette amitié, un jour, David se confie à Jonathan : « Quelle faute, quel crime ai-je commis envers ton père pour qu’il cherche à me faire mourir ? » Jonathan tombe des nues : « Ce n’est pas possible, il t’aime bien. S’il avait un tel projet, je serais au courant ! » À cela, David répond : « Ton père sait très bien que nous sommes amis, et donc il ne risque pas de t’en parler ! » Jonathan décide alors de tester son père pour connaître ses véritables intentions à l’égard de David. Avec son ami, il met au point toute une stratégie pour vérifier ce qu’il en est et comment ensuite faire connaître le résultat de ces investigations. Jonathan précise encore : « Si je me rends compte que mon père veut ta mort, je t’en informerai aussitôt, et alors je te conseille vivement de quitter la région et de prendre garde à toi. »
Le lendemain, c’est la nouvelle lune ; elle est fêtée plusieurs jours. David ne viendra pas aux festivités, et l’idée est de mesurer comment le roi percevra cette absence. En effet, au cœur des réjouissances, Saül signale à Jonathan qu’il a remarqué l’absence de son gendre et demande une explication. Jonathan répond avec l’excuse qu’ils ont préparée : David est chez ses parents à Bethléem. Contre toute attente, Saül entre dans une colère noire, insulte son fils qui a pris parti pour David et déclare que c’est une honte. Puis le roi ajoute : « Écoute bien ! Tant que cet individu sera en vie, tu ne seras jamais sûr de régner. Alors, fais-le arrêter et amène-le-moi ici, car il doit mourir ! » Jonathan est affligé et s’écrie : « Mais pourquoi devrait-il mourir ? Il n’a rien fait de mal ! » Pour toute réponse, il voit Saül se saisir d’une lance et le viser personnellement. Le jeune prince évite le coup de justesse, quitte la fête et, dès le lendemain, part à la recherche de David à l’endroit convenu.
Il rejoint David dans sa cachette. Les deux amis tombent dans les bras l’un de l’autre et pleurent, conscients qu’ils sont tous les deux en danger et que Saül est devenu incontrôlable. Après quelques minutes d’effusion, Jonathan dit à son ami : « Va-t’en en paix ! Prends soin de toi, souviens-toi de notre pacte d’amitié que nous avons conclu au nom du Seigneur en disant : ‘L’Éternel est à jamais témoin de ce que nous nous sommes dit l’un à l’autre’ et que ce pacte demeure entre nos descendants ! » Les deux hommes se quittent alors, sachant qu’ils ne se reverront plus jamais.
Bien plus tard, alors que Jonathan est mort au combat et que toute la dynastie de Saül a disparu, David, devenu roi, fera rechercher le seul fils de Jonathan. Par fidélité à l’égard de son ami et du serment qu’ils avaient fait, il l’invitera à sa table tous les jours.
(1 Samuel 20)
