La clémence de David

C’est l’heure des règlements de comptes dans le palais que le roi David a pu réinvestir après la tentative de coup d’état fomenté par son propre fils, Absalom. Maintenant le fils rebelle est mort, et tous ceux qui l’ont soutenu dans l’opposition à David se trouvent dans une situation disons… inconfortable. Que va faire le roi pour asseoir son autorité et pour marquer son pouvoir retrouvé ? Ne va-t-on pas vers une vengeance, une purge de la part de David ? Nul ne sait comment il va réagir, lui qui a tellement été affecté par la rébellion. Il y a une scène très pittoresque que la Bible raconte. David et ses troupes sont sur le chemin du retour à Jérusalem dont il a été chassé. Le narrateur parle d’un radeau pour traverser le Jourdain, un grand radeau où se trouve la famille royale. Le radeau accoste et voilà qu’un certain Chimio arrive aux pieds de David, se prosterne et implore sa clémence. Chimei, on en parle un peu plus tôt dans le récit, au moment où David est obligé de fuir les menaces de son fils, et cherche un lieu d’accueil. Arrivé à Guilgal, du côté de Jéricho, David se fait insulter par ce Chiméi qui va jusqu’à lui jeter des pierres. Il faut croire que Chiméi, qui avait appartenu au clan de Saül, le roi précédent, et auquel David a succédé, avait gardé une rancune contre notre David. Pour demander pardon et compter sur la clémence du roi, Chiméi arrive tout de même avec une petite troupe de 1000 hommes ; on ne sait jamais ! Chiméi joue les repentants en disant : « Que le roi ne me tienne pas pour coupable. Qu’il oublie la faute que j’ai commise et qu’il ne garde par rancune. Je sais que j’ai commis une grande faute, mais je compte sur ta bienveillance ! » Il demande au roi de ne pas être rancunier, alors que lui, il a été assez pour menacer David après plus de 25 ans de royauté, voire plus. D’ailleurs, un des proches du roi, Abichaï, s’insurge contre Chiméi : « Tu as maudit le roi que le Seigneur a désigné comme tel ! Tu mérites la mort ! » La tension monte, mais David calme le jeu, tout en faisant des reproches à son conseiller : « Laisse-moi décider de ce que je pense et de ce que je veux. Il y a eu assez de morts dans cette affaire pour ne pas encore exécuter quelqu’un aujourd’hui en Israël ! » Sur quoi, se tournant vers Chiméi, il lui dit : « N’est-ce pas moi qui suis roi ? Chiméi, tu ne mourras pas, j’en fais le serment ! » On entend d’ici le soulagement.




