Le portrait de Judas

Panorama biblique
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Le portrait de Judas
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Lorsque l’on parle des derniers jours de la vie de Jésus sur terre, on doit aussi parler de Judas. Judas ! La simple évocation de ce nom met mal à l’aise. Judas est synonyme de trahison. Or, dans l’histoire du monde où la trahison, la traîtrise sont monnaies courantes, le nom de Judas est en tête de liste de tous les traîtres possibles. Les rédacteurs des Évangiles, lorsqu’ils racontent la constitution du groupe des douze disciples, ne sont pas très précis pour dire où et comment Judas entre dans le groupe, mais il y est, et son nom apparaît dans toutes les listes récapitulatives. Son nom est toujours cité en dernier – le dernier de la classe – celui dont il faut parler mais à contrecœur. De plus, dès les premières pages des récits de vie de Jésus, Judas Iscariote est signalé comme étant « celui qui allait trahir Jésus ! » Il n’y a pas de suspense à ce propos.

Judas peut venir d’une ville nommée Keriot ; Iskariot voulant dire ‘homme de Kériot’. Mais par le jeu de l’hébreu, ce nom peut aussi vouloir dire ‘homme de mensonges’. Voilà qui charge le profil du bonhomme ! Or, les textes des Évangiles sont en grec et en jouant avec le grec, Iscariote peut aussi vouloir dire ‘assassin, bandit’. Pas de doute, avant même que le lecteur n’apprenne ce que Judas va faire, son portrait est celui d’un sale type.

Au détour d’une page de l’Évangile, on va même apprendre que l’homme aime l’argent. Il a réussi à être le trésorier du groupe des disciples et tient les cordons de la bourse commune. Cette information permet d’apprendre que Jésus et les disciples, qui sont des itinérants pendant trois ans, doivent bien gérer des affaires domestiques. On sait aussi que le groupe était soutenu par des donateurs, voire des donatrices. Donc, il y a de l’argent pour vivre au quotidien et pour faire les courses. Judas, l’homme trouble, a réussi à devenir le trésorier du groupe. C’est donc qu’il avait tout de même la confiance des uns et des autres. Parmi les Douze, il y avait Lévy, appeler Matthieu, qui était péager, donc collecteur de taxes. Il s’y connaissait en chiffres et en argent. Il aurait pu être le comptable de service ; eh non ! C’est

Judas. Judas qui, et c’est une nouvelle indiscrétion, pique dans la caisse. Voilà qui n’est pas très joli pour un disciple de Jésus. Il semble ne pas beaucoup écouter les leçons d’éthique de son maître.

Petite remarque en passant : si Judas piquait dans la caisse, c’est qu’il y avait des sous dans cette caisse. Voilà qui, peut-être, effacera l’image misérabiliste des disciples errants de lieu en lieu, dans la pauvreté et le dénuement.

Voilà donc le portrait dressé de Judas, le traître. Deux autres disciples vont écrire des Évangiles, des récits de la vie de Jésus et des copains. Ces deux-là ont bien connu Judas. Ce n’est pas très glorieux de devoir reconnaître qu’on a côtoyé de si près un traître. Pourtant, ils en parlent. C’est, pour moi, une preuve de l’authenticité des récits. Il aurait été plus facile de cacher d’où venait le traître.