Ruth 4
Nicolas Poussin, peintre ayant vécu de 1594 à 1665, a représenté Ruth et Booz sur une toile aujourd’hui visible au Louvre. On y voit un champ en cours de moisson, avec des moissonneurs, et au premier plan de la scène, Booz, le propriétaire, fait face à Ruth, l’étrangère qui glane dans le champ. Il s’agit de l’histoire de Ruth, que l’on trouve dans la Bible et qui s’est déroulée voilà plusieurs millénaires. Ruth est une jeune veuve moabite qui a décidé de vivre à Bethléem avec sa belle-mère, elle aussi veuve. Pour survivre, Ruth glane dans un champ pendant la saison des moissons, et Booz vient lui assurer sa protection, car il admire le courage et la détermination de la jeune veuve envers Noémie, sa belle-mère.
Il offre même quelques mesures de grains supplémentaires à la récolte de Ruth, qui, en rentrant chez elle, est bombardée de questions par Noémie : « Tu as ramassé tout cela ? C’est magnifique ! Où es-tu allée ? Qui as-tu rencontré ? » Ruth répond et mentionne Booz, le propriétaire, qui a été bienveillant à son égard. Noémie sursaute : « Booz ! Mais je le connais bien, Booz ! C’est un parent d’Élimélec, mon défunt mari. Quel hasard ! » Pour la vieille veuve, c’est même un excellent hasard, et pour cause. Elle pense aussitôt à une loi en vigueur en Israël stipulant que si un homme meurt sans avoir eu d’enfant avec sa femme, un parent du défunt, comme un frère ou un cousin, peut prendre cette femme pour lui faire un enfant, et cet enfant sera considéré comme celui du défunt. Cette loi est mise en place pour garantir une descendance et, éventuellement, pour éviter que les biens familiaux ne soient dispersés.
Dans l’esprit de Noémie, les idées fusent et elle envisage déjà un plan. L’idéal serait que Booz, par devoir, épouse Ruth. Cela pourrait donner une descendance à son fils et assurer une protection pour Ruth et pour elle-même. Elle propose alors un plan à sa belle-fille, consistant à séduire, disons-le ainsi, Booz. Ruth doit se laver, se parfumer, se faire belle et se rendre à une soirée festive à l’occasion du battage de l’orge. Elle devra repérer où se couche Booz et se coucher à ses pieds, tirant même un peu la couverture à elle. Ensuite… Eh bien, cela dépendra de la réaction du propriétaire !
Ruth adhère à ce plan et fait tout ce que sa belle-mère lui a conseillé de faire. Au milieu de la nuit, Booz se réveille et découvre une jeune femme à ses côtés. Comme il n’a pas de lampe de poche, il demande : « Qui est là ? » Ruth décline son identité et se permet de préciser : « Étends sur moi ta protection. Tu as des droits sur moi puisque tu es parent d’Élimélec et de mon défunt mari ; selon la loi de ton pays, tu peux m’épouser ! » Booz, totalement éveillé, lui promet d’y réfléchir et même d’y travailler, honoré qu’une jeune femme soit prête à l’épouser, lui qui est déjà âgé. Tout semble bien se dérouler, mais rien n’est encore fait !
