Ruth 1

L’histoire se déroule à l’époque des Juges en Israël, vers l’an 1300 avant Jésus-Christ. Tout commence à Bethléem, un petit village sur le territoire de Juda, au sein d’une famille composée d’un couple et de deux garçons. Il s’agit de la famille d’Élimélec. L’épouse se nomme Noémie et les enfants sont Malon et Kilion. Ce qui est assez étonnant, c’est que l’histoire de cette famille est racontée dans un livre de l’Ancien Testament qui lui est entièrement consacré. Ce livre s’intitule « Ruth ». Ruth en est le personnage central et le récit ressemble à un véritable roman, une histoire d’amour et d’amitié, riche en rebondissements.
Lorsque l’auteur du livre, dont l’identité reste inconnue, plante le décor et nomme les membres de la famille, on remarque immédiatement que les noms des personnages ont une signification à prendre en compte. Le père se nomme Élimélec, ce qui signifie « mon Dieu est roi ». Ce n’est pas un nom facile à porter, mais ce n’est pas le pire. Noémie se traduit de l’hébreu par « ma gracieuse ». On peut imaginer les parents choisissant ce nom pour leur fillette et ce que cela représente sans doute pour eux.
Ensuite, il y a les deux garçons. On ne sait pas quel âge ils ont au moment de l’histoire. Celui qui s’appelle Malon ne semble pas être gâté, car son nom signifie « maladie ». Quant à son frère Kilion, cela signifie « épuisement » ! On peut alors se demander ce qui a traversé l’esprit d’Élimélec et de Noémie en donnant de tels noms à leurs enfants. Est-ce que ces garçons sont nés avec des problèmes de santé ? La suite de l’histoire nous révélera qu’en effet, lorsqu’ils deviennent adultes et se marient, ils meurent prématurément, chacun de leur côté, avant même d’avoir pu engendrer une descendance. Avaient-ils, dès leur naissance, une santé précaire pour porter des noms tels que « maladie » et « épuisement » ? C’est possible !
Du coup, je me demande : le nom que l’on porte est-il déterminant pour le destin que l’on va vivre ? Malon et Kilion, « maladie » et « épuisement », étaient-ils vraiment destinés à mourir jeunes ? L’interrogation reste ouverte.
Quoi qu’il en soit, la dégradation de la situation s’accentue lorsque le narrateur signale que nous sommes à Bethléem en période de famine. Là encore, la signification du nom est importante ; Bethléem signifie « la maison du pain ». Or, dans la maison du pain, il n’y a plus de pain ! C’est la famine, un véritable paradoxe. À cause de cette famine, Élimélec décide de quitter la ville et le pays pour se rendre à Moab. Il veut sauver les siens. Celui dont le nom signifie « mon Dieu est roi » va chercher refuge ailleurs. Dès lors, une nouvelle question émerge : Élimélec a-t-il raison d’agir ainsi ?




