David et les prépuces de Philistins

Panorama biblique
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David et les prépuces de Philistins
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Le début de la royauté en Israël, il y a plus de 3000 ans, n’a pas été un long fleuve tranquille. Le premier roi, Saül, désigné par Dieu au prophète Samuel, a parfois été un excellent roi pour l’unité d’un peuple qui en avait vraiment besoin. Cependant, il a toujours eu une peur maladive de perdre le pouvoir, auquel il ne s’attendait pourtant pas lorsqu’il n’était qu’un éleveur de chèvres. Lorsque Dieu décide de le remplacer, il désigne un jeune berger, David. Ce dernier devient très populaire dans le pays depuis qu’il a tué le géant Goliath, assurant ainsi la victoire des Israélites sur les Philistins.

Le roi Saül voit d’un très mauvais œil cette popularité, car il craint que David ne supplante son fils, le prince Jonathan, qui, normalement, devrait régner après lui. Il exprime ouvertement sa crainte à Jonathan : « Ton règne n’est pas assuré, mon pauvre Jonathan ! Si David continue ses exploits et si le peuple se met à l’adorer ! » Or, Saül est également lié par ses promesses. Il avait annoncé que le vainqueur de Goliath épouserait sa fille et entrerait ainsi dans la famille royale. Sans le savoir, il s’est tiré une balle dans le pied ! Il souhaite tenir sa promesse sans vraiment s’y engager. En effet, il donne sa fille aînée à un certain Adriel, évitant ainsi de la donner à David, son concurrent direct. Mais il ne peut pas totalement se parjurer. Comme David aime bien la fille cadette du roi, Mikal, et que cet amour est réciproque, Saül promet cette Mikal à David, mais à une nouvelle condition.

Cela n’est pas très honnête, car il ne devait plus y avoir de conditions. Saül cherche avant tout à se débarrasser de David. Il se dit, et c’est textuellement ce que le récit biblique précise : « Je ne peux pas me débarrasser moi-même de David » (il dit cela après avoir tenté deux fois de le transpercer de sa lance). Il ajoute alors que « les Philistins pourraient s’en charger ! » Que veut dire Saül par-là ? À quoi pense-t-il ? Il décide d’envoyer David dans une opération suicide chez l’ennemi juré d’Israël. Saül réclame – tenez-vous bien ! – 100 prépuces de

Philistins, une façon bien particulière de vérifier que David a tué des Philistins, ces derniers étant, par rapport aux Israélites, incirconcis. Le narrateur biblique précise – au cas où cela ne serait pas clair – que Saül espère voir David tomber entre les mains des Philistins.
Cependant, peu de temps après, au grand dam de Saül, David revient. Il revient vivant et, non seulement avec 100 prépuces, mais avec 200 ! Pauvres Philistins ! Avec ce type de mutilations, non seulement ils sont morts, mais ils sont morts humiliés. Saül se retrouve piégé par ses propres manigances. Il voulait se débarrasser d’un concurrent, et voilà qu’il doit en faire son gendre. Saül voulait qu’on l’oublie, mais le peuple acclame David d’autant plus.

Mikal est probablement très heureuse, car elle aime ce beau et vaillant guerrier. Jonathan, le fils de Saül, est ravi et rassuré, lui qui a scellé une amitié sincère et loyale avec le jeune berger. Seul Saül doit fulminer intérieurement. Sa haine est loin de s’éteindre, et la tension devient de plus en plus vive. Après plusieurs autres tentatives d’assassinat dont il est victime, David décide de s’enfuir aussi loin que possible de ce roi paranoïaque.
Cependant, David ne peut pas fuir son destin. Il n’avait qu’une douzaine d’années lorsque le prophète Samuel est venu le trouver clandestinement à Bethléem pour le consacrer roi en secret. C’était sur ordre de Dieu, et Dieu avait déjà écrit la suite de l’histoire : un jour, David sera bel et bien roi d’Israël, mais pour l’heure, il n’est plus qu’un fugitif !

(1 Samuel 18)