L’anarchie

Josué, celui qui a conduit les Israélites en Terre Promise et qui a conquis progressivement tout un pays où s’installent les 12 tribus d’Israël, meurt à l’âge de 110 ans. Avant sa mort, il convoque tous les responsables de ce peuple et les encourage à faire un serment : demeurez fidèles à Dieu, ce Dieu qui vous a fait sortir d’Égypte et qui a fait de vous un peuple libre.
La main sur le cœur, tout le monde jure fidélité à Dieu. Josué peut mourir tranquille. Oui, mais voilà ! Tenir pareille promesse, c’est comme faire des vœux le 1er janvier !
On est sincère, mais avec le temps, on change de sincérité ! Et le peuple, livré à lui-même, sans roi ni empereur, va très vite oublier ses promesses. Pendant près de 3 siècles, les Israélites morcelés, divisés, mal organisés, vivant l’anarchie plus que tout autre chose, vont aller de catastrophes en remises en question, et de remises en question en dérapages. Le lecteur de la Bible plonge dans cette période à travers le livre des Juges, où les mêmes cycles se répètent : des révoltes, des guerres, des attaques venant de l’extérieur des frontières à géométrie variable, ou des querelles suscitées de l’intérieur par la jalousie et l’envie entre les diverses tribus… C’est un temps d’instabilité complète.
Quand les choses vont bien, ce n’est jamais pour longtemps, et lorsque le peuple mesure l’état catastrophique dans lequel il a sombré, il se souvient de Dieu et l’appelle au secours après l’avoir longtemps ignoré ! Pour répondre aux prières désespérées d’un peuple abîmé par ses propres choix de vie, Dieu suscite un homme, parfois une femme, dont il fait un sauveteur, un leader afin de remettre de l’ordre, chasser l’éventuel ennemi, faire la guerre à ceux qui oppriment telle ou telle tribu. Le rédacteur de ces chroniques signale régulièrement le problème profond de la situation : « En ce temps-là, il n’y avait pas de roi en Israël, chacun faisait ce qu’il trouvait bon ! » Nous avons là une définition de ce qu’est, et de ce que provoque, l’anarchie. Josué avait instauré une théocratie, une gouvernance confiée à Dieu au travers des Lévites. Mais, manifestement, cette politique n’est pas suivie.
Ces siècles de chaos vont juste montrer — souvent au travers d’expériences tragiques — le besoin d’unité, de projets communs et surtout la nécessité d’une autorité. Il faudra pourtant encore attendre longtemps avant que le peuple, spontanément, réclame un roi pour régner sur lui et auquel il se soumettrait.




