L’invité du jour — Discrimination des chrétiens : une réalité en Europe avec Thibault Van Den Bossche
Chaque année, des milliers de chrétiens en Europe font face à des actes de violence et de vandalisme. Selon le rapport 2024 publié par l’Observatoire sur l’intolérance et les discriminations envers les chrétiens en Europe (l’OIDAC), des lieux de culte et des personnes sont régulièrement pris pour cibles. Thibault Van Den Bossche, chargé de plaidoyer au Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), nous explique les faits.
Selon ce rapport, 2 444 actes antichrétiens ont été identifiés dans 35 pays européens, dont 232 attaques personnelles contre des chrétiens. Toutefois, ces chiffres seraient en réalité bien plus élevés.
En plus des violences contre les personnes, la majorité des actes antichrétiens sont des dégradations d’églises et de cimetières, mais ils sont souvent mal recensés, car il faudrait que chaque responsable signale ces faits. Beaucoup sont classés comme de simples actes de vandalisme sans lien religieux, ce qui freine l’établissement des statistiques et la prise en compte de ce phénomène grandissant d’actes antichrétiens. Un cimetière reste un lieu religieux qu’il faut pouvoir protéger en tant que tel, de la même manière que les bâtiments publics, quelle que soit l’intention de la personne qui le dégrade.
Certains pays européens sont plus touchés que d’autres par ces actes antichrétiens. En Allemagne, l’organisation indique une “augmentation inquiétante de 105 %” des crimes haineux entre 2022 et 2023.
Il est facile de viser les chrétiens parce qu’ils ne répondent pas à la violence. Ils ne sont pas assez nombreux pour assurer la protection des nombreuses églises et sites religieux qui tapissent l’Europe. On observe également un mouvement de laïcité et de sécularisme très fort qui vise à exclure le christianisme de l’espace public, ce qu’on déplore particulièrement en Allemagne, en France, en Italie et au Royaume-Uni, les pays les plus touchés par ces actes antichrétiens.
Les actes antichrétiens ne sont pas seulement des violences ou des dégradations, ils prennent aussi la forme d’exclusion sociale et de rejet des convictions chrétiennes. Par exemple, parler du mariage entre un homme et une femme, selon la vision chrétienne, est souvent considéré comme un discours de haine et retiré du débat public. Cela limite la liberté d’expression des chrétiens et les empêche de se sentir à l’aise en tant que tels dans la société.
La liberté, que ce soit la liberté de pensée, la liberté de conscience, mais également la liberté de religion, sont des piliers des sociétés libres et démocratiques. Or, avec cet état des lieux, on pourrait penser qu’on s’éloigne de ce modèle de société.
C’est un paradoxe. L’Union européenne a nommé depuis 2015 un coordinateur chargé de la lutte contre l’islamophobie et un autre contre la haine des juifs, mais aucun pour les chrétiens. Il est donc nécessaire d’effectuer un travail de plaidoyer pour que cette discrimination et cette intolérance soient prises en compte, alors même que l’Europe a des racines chrétiennes. Ce travail a débuté, avec des débats au Parlement européen sur l’intolérance religieuse, notamment envers les chrétiens, qui a été sous-estimée jusqu’à présent.
J’encourage les chrétiens de France et d’Europe à oser s’affirmer et dépasser leur auto-censure, à ne pas hésiter, si on les interroge sur Dieu ou qu’on leur demande une Bible, à partager leur foi, sans forcément être dans un prosélytisme offensif. Il faut rappeler que, même si les chrétiens subissent intolérance et discrimination en Europe, dans le monde, 365 millions de chrétiens sont persécutés, condamnés à mort, torturés, emprisonnés ou expulsés. Je souhaite que les chrétiens d’Europe gardent l’espérance, parce que nous sommes une terre chrétienne et qu’il ne tient qu’à nous de le rester.
Première diffusion le 09 décembre 2024.
