L’invité du jour — Emmanuel Ricard porte une voix engagée pour l’interdiction du tabac aux personnes né(e)s après 2014

Interdire la vente de tabac aux personnes nées après 2014. C’est la proposition de loi transpartisane soutenue par la Ligue contre le cancer. Objectif : créer la première génération sans tabac. Une mesure radicale mais nécessaire face à un fléau qui cause 46 000 décès par cancer chaque année en France. Pour en parler, je reçois Emmanuel Ricard, directeur de la prévention et médecin en santé publique.
La Ligue contre le cancer affiche son soutien à la proposition de loi visant à interdire la vente de tabac aux personnes nées après 2014, une mesure radicale qui suscite le débat. Sa faisabilité et son applicabilité dans le contexte français interrogent, tant sur le plan juridique que sociétal.
« Le tabac reste le premier facteur de cancer, et cette mesure s’inscrit dans la continuité des politiques déjà mises en place : interdiction de fumer dans les lieux publics, paquet neutre, hausse des prix. Ces actions ont porté leurs fruits : la proportion de jeunes fumeurs de 17 ans est passée de 25 % en 2017 à 16 % en 2022. L’interdiction de vente, et non de fumer, vise à réduire encore l’accessibilité, mais elle soulève la question du contrôle strict de l’âge, avec vérification systématique des cartes d’identité. C’est une pratique qui fonctionne ailleurs, mais il faudra s’assurer que les buralistes, détenteurs du monopole, appliquent bien la règle. »
Interdire le tabac constitue une étape majeure, mais l’accompagnement des fumeurs actuels et la prévention auprès des jeunes restent des enjeux essentiels. Les bénéfices attendus à moyen et long terme s’annoncent concrets et significatifs, renforçant l’intérêt de cette mesure si elle venait à être adoptée.
« Il y a deux publics : les jeunes et les fumeurs de longue date. Une nouvelle mesure importante sera le dépistage du cancer du poumon, qui devient la première cause de décès par cancer chez les femmes et reste très meurtrier chez les hommes. L’objectif n’est pas d’interdire totalement le tabac, mais de réduire le nombre de fumeurs à environ 5 %, ce qui limiterait les maladies chroniques et la dépendance. Car le tabac ne cause pas seulement des cancers et des maladies cardiovasculaires, il aggrave aussi des troubles comme la dépression. »








