L’invitée du jour — Doris Lévi Alvarès nous ouvre les portes de l’art-thérapie

L’art ne se limite pas à l’esthétique, il peut devenir un langage, un refuge, un outil de guérison. Comment l’art-thérapie aide-t-elle à exprimer nos émotions et à retrouver un équilibre intérieur ? Pour en parler, j’accueille aujourd’hui Doris Lévi Alvarès, autrice et art-thérapeute.

L’art-thérapie consiste à utiliser la création artistique comme un moyen d’expression et de libération des émotions, offrant une alternative à la communication verbale. Elle met en lumière la diversité des émotions exprimées, souvent un mélange subtil de douleur et de joie, révélant la complexité des ressentis humains. Cette pratique souligne que peindre ou créer peut être plus accessible et moins intimidant que parler, permettant d’extérioriser ce que les mots peinent parfois à traduire. Elle affirme le rôle de l’art comme langage universel, capable de transformer les émotions en formes et en couleurs.

L’art-thérapie est une approche non verbale qui utilise les médias artistiques pour aider les patients à s’exprimer, sans chercher à produire une œuvre esthétique, mais à libérer ce qui est en eux. Elle accueille toutes les émotions, souvent ambivalentes, comme la tristesse, la colère ou même la joie, qui peuvent coexister dans des situations comme le deuil. Cette méthode offre une alternative douce à la parole, qui peut parfois être violente ou difficile, en permettant d’exprimer des ressentis à travers le dessin, le mouvement ou la matière. L’art devient ainsi un langage à part entière, un détour créatif qui aide à mettre des mots sur des maux et à se reconnecter à soi autrement.

Doris Lévi Alvarès, autrice du livre Les fêtes de l’éternel, établit un lien entre la dimension spirituelle et l’expression artistique, soulignant que l’art peut être un soutien face aux crises émotionnelles comme aux crises spirituelles. Cette approche met en avant la capacité de la création à offrir un espace d’apaisement et de reconstruction intérieure, là où les mots peuvent parfois manquer. Pour ceux qui n’ont jamais pratiqué, l’art-thérapie s’ouvre sans exigence de talent ou de technique, car il ne s’agit pas de produire une œuvre esthétique, mais de s’exprimer librement. L’essentiel réside dans le processus créatif, qui devient un langage universel pour explorer et libérer les émotions profondes.

Pour moi, la foi et l’art sont intimement liés, car Dieu est le créateur par excellence et nous avons en nous cette fibre créative qui reflète son image. L’art devient un refuge dans les moments de crise, qu’elle soit émotionnelle ou spirituelle, lorsque les mots sont trop lourds ou trop violents pour être exprimés. J’ai moi-même découvert l’art-thérapie dans des périodes de burn-out et de dépression, où créer des chansons ou des tableaux était la seule manière pour mon âme de parler. Et le plus beau, c’est qu’il n’y a pas besoin d’être artiste : il suffit de retrouver cette liberté créative de l’enfance, laisser le corps et les sens s’exprimer, et mettre le mental en pause pour se reconnecter à soi.