L’invité du jour — Axel Lamotte : la natation, un apprentissage à démocratiser

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L'invité du jour — Axel Lamotte : la natation, un apprentissage à démocratiser
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En France, près d’une personne sur six ne sait pas nager. Ce chiffre interpelle, surtout dans un pays où les noyades restent une cause importante d’accidents mortels chaque été. Comment expliquer qu’autant de Français ne savent pas nager ? Quel est le profil de ces personnes qui ne savent pas nager aujourd’hui en France ? Éclairage avec Axel Lamotte, secrétaire général adjoint du Syndicat National Professionnel des Maîtres-Nageurs-Sauveteurs.

C’est multicausal, bien évidemment. Certaines personnes sont éloignées des piscines, en zone rurale ; pour d’autres, la piscine est un coût trop élevé. Le tarif des piscines est en général assez bas, quelques euros, mais quand on est en famille, c’est tout de suite un petit budget et certains n’en ont pas les moyens. C’est pour cette raison que nous proposons un plan d’urgence d’apprentissage pour tous, gratuit. Une des autres causes est le manque de maîtres-nageurs-sauveteurs, qui dure depuis des dizaines d’années. Comme il y a de moins en moins de maîtres-nageurs-sauveteurs, il n’y a plus de possibilité d’apprendre à nager. C’est vraiment dramatique. Tous ces facteurs réunis font qu’il y a beaucoup de gens qui ne savent pas nager ou qui nagent très, très peu. Parmi les 80 % de gens qui se déclarent nageurs, certains sont des nageurs tout à fait débutants.

Il y a la natation qui se passe à l’école, quand l’école est à proximité d’une piscine et que celle-ci est mise à disposition. Mais là encore, le manque de maîtres-nageurs est problématique. Les enseignants essaient de pallier l’apprentissage avec leur bonne volonté et les moyens qui sont les leurs. Malgré cela, il est difficile d’entamer un apprentissage de la natation correcte, car ça demande une vraie maîtrise. Quand on pratique les tests de natation à l’entrée en 6ᵉ, on s’aperçoit que dans beaucoup de départements, un enfant sur deux ne sait pas correctement nager.

Beaucoup de gens n’ont pas le temps d’apprendre à nager, parce que dans les familles, on s’occupe d’aller faire les courses, on s’occupe de faire beaucoup de choses. Les gens qui travaillent tôt sont fatigués et les cours de natation ne sont pas une priorité. Il y a également un certain nombre d’adultes et de personnes retraitées qui ne savent pas nager et qui n’osent pas sauter le pas par timidité, par peur d’être observées ou qui n’ont pas le courage d’aller se mettre en maillot de bain.

C’est un gros problème parce que la France est entourée d’eau. Il y a aussi beaucoup d’eaux intérieures qui sont très sympas. Quand il fait chaud, on a envie de se rafraîchir et donc on va dans l’eau. Ça cause 1 000 morts par an. C’est un drame absolument affreux. La noyade est très coûteuse pour la société. En ce moment, le gouvernement parle du budget à l’Assemblée nationale. Or, ça économiserait des centaines de millions à la sécurité sociale si on faisait de la prévention. Une poignée de millions pour économiser plusieurs centaines de millions. La prévention est toujours plus intéressante. En plus, ça va sauver des vies et c’est surtout ça qui nous intéresse. Il faut absolument que les pouvoirs publics se saisissent de cette problématique de manière à mettre en place un plan d’urgence d’apprentissage de la nage pour tous, à tous les âges.

Axel Lamotte nous rappelle que la natation a de nombreux bienfaits pour la santé. Il encourage les personnes pour lesquelles apprendre à nager est source de gêne, voire même de peur ou de phobie, à sauter le pas.

C’est un bien-être extraordinaire quand on a été une demi-heure ou une heure dans l’eau. C’est vraiment le sport santé par excellence. Ça se pratique de 4-5 mois, c’est-à-dire à partir du premier rappel des DTPolio, jusqu’à plus de 100 ans. C’est la seule activité physique qu’on peut faire tout le temps : même quand on ne peut pas marcher, on va dans l’eau. On est à l’horizontale, donc le retour veineux du sang des jambes se fait beaucoup mieux. On pèse également beaucoup moins. La poussée d’Archimède nous rend légers comme une plume, ce qui nous permet de faire tous les mouvements sans charge sur les articulations. C’est absolument bénéfique pour la santé. En dehors de ça, comme l’eau est un peu plus fraîche que la température du corps, on a tendance à maigrir. Pour les personnes qui sont en surpoids ou qui ont des soucis d’obésité, dans l’eau, on n’a plus de problèmes de poids. On sollicite beaucoup moins les articulations et il n’y a absolument aucun microtraumatisme. C’est vraiment une activité recommandée et recommandable pour tout le monde.

Il faut aller dans l’eau le plus souvent possible, tout au long de l’année. Les piscines sont en ce moment peu fréquentées. Il faut donc en profiter, discuter avec les maîtres-nageurs et leur demander comment faire pour progresser. L’aquagym est aussi une très bonne façon d’avoir un premier contact avec l’eau. On fait ça pendant un an et puis après, on va beaucoup plus rapidement apprendre à nager. Donc il faut fréquenter les piscines. C’est ce qui fait le plus grand bien à notre santé.