L’invité du jour — Guillaume Séchet décrypte 2025, une année météo hors norme

L’année 2025 restera comme une année météorologique marquante. Cet été est classé au 3e rang des étés les plus chauds en France, marqué par deux vagues de chaleur et une forte activité orageuse. Ces événements relèvent-ils d’une tendance durable ? Analyse avec Guillaume Séchet, météorologiste, auteur d’ouvrages sur les événements climatiques et créateur du site meteo-villes.com.
Au niveau de la moyenne nationale, 2025 est le troisième été le plus chaud après 2022 et surtout 2003, qui était vraiment de très loin le plus chaud. Ce qu’il faut retenir, c’est que depuis 2010, la tendance générale va vers des étés de plus en plus chauds. Cet été 2025 a été très chaud, mais pas forcément partout. Il a surtout été très chaud dans le sud-ouest. Si le mois de juin a été exceptionnellement chaud, fort heureusement, on a quand même eu des périodes un peu plus fraîches, notamment sur la moitié nord de la France, avec un temps assez maussade entre la mi-juillet et le début du mois d’août. Au mois de juin, on a craint que l’ensemble de cet été soit extrêmement chaud, mais heureusement, ça n’a pas été le cas.
Cette année a également été très orageuse. On explique la fréquence et surtout l’intensité de ces orages par le fait qu’on a eu de l’air très chaud provenant du Sahara, combiné à de l’air océanique sur la partie nord de l’Europe. La France se situant entre ces deux influences, on était souvent au cœur du conflit de ces deux masses d’air, d’où ces vagues orageuses, souvent accompagnées de grêle. C’est le cas d’ailleurs depuis plusieurs années, avec des orages de grêle particulièrement musclés. Tout cela est lié également au réchauffement climatique, même si ces aléas ont toujours existé.
Selon les spécialistes, le seuil des 40°C est désormais franchi quasiment chaque année en France, phénomène plutôt rare au siècle précédent. Les scientifiques parlent d’un basculement climatique.
De manière générale, la Terre se réchauffe et notamment la France et l’Europe, puisqu’on est situé en face du Sahara. Celui-ci se comporte un peu comme un four à chaleur tournante qui nous influence directement. Pour les mêmes situations, on avait quelques degrés en moins il y a quelques décennies de cela. Comme il fait plus chaud partout, un vent du sud nous apporte maintenant des températures plus élevées qu’auparavant. Donc le seuil de 40 degrés est désormais dépassé assez facilement sur le pays, notamment dans le sud-ouest.
L’année 2025 illustre bien la montée en puissance des phénomènes météorologiques intenses. Après un été 2025 marqué par des records de chaleur, le mois de septembre a vu des épisodes de pluies diluviennes frapper la France, provoquant de fortes inondations.
Ces pluies sont liées à l’air extrêmement chaud. Plus l’air est chaud, plus il peut contenir d’eau. D’autant que dans ce cas précis, il s’agissait de pluies méditerranéennes, donc alimentées par un air quasi tropical, subtropical. Les températures de l’eau de mer sont actuellement un petit peu au-dessus de la moyenne, sans être forcément exceptionnelles. Mais la configuration faisait que ces remontées se sont bloquées sur le sud du Massif central et ont donc provoqué des pluies intenses. C’est un phénomène assez connu en cette période de l’année, où on a une sorte de mousson près de la Méditerranée, appelée épisodes méditerranéens. On a connu ce type d’événement, même lorsqu’il n’y avait pas ce phénomène de réchauffement climatique, mais comme il fait désormais plus chaud, ces événements sont plus intensifs.
S’il est difficile de prévoir les températures des mois à venir, on sait déjà que l’automne sera plus doux et plus sec que la normale.
L’automne a démarré sur les chapeaux de roue cette année, avec un temps particulièrement frais et humide. D’après les tendances à plus long terme, on aurait un mois d’octobre assez calme, avec d’ailleurs une assez belle arrière-saison et quelques journées encore très agréables. Ce mois d’octobre devrait être un petit peu plus doux que la normale et plutôt agréable. Au mois de novembre, le temps sera de nouveau perturbé mais doux. L’hiver, quant à lui, serait plutôt doux, perturbé dans un premier temps, puis sec. Donc a priori, on irait vers une saison froide plus douce que la normale. Cela ne signifie pas forcément qu’on n’aura pas de vagues de froid. On ne peut pas vraiment le savoir pour l’instant, puisqu’on ne peut prévoir ces événements que 15 jours à l’avance. En tout cas, cet hiver serait plus doux que la normale et ça fait déjà longtemps que ça dure puisqu’on n’a pas vraiment eu de gros hivers depuis au moins 10 ans.







