L’invité du jour — Abus dans l’Église : en parler pour agir, avec Marc Derœux

Abordons un sujet grave mais nécessaire : les abus dans l’Église, avec Marc Derœux, de Stop Abus, un service d’écoute créé à l’initiative du Conseil National des Évangéliques de France (CNEF) pour les personnes, victimes ou témoins de violences sexuelles dans les églises évangéliques. Il nous explique les différentes formes d’abus existant dans les milieux religieux et les signes permettant de les repérer.
Par abus, on peut désigner tout acte et toute attitude qui visent à profiter d’autrui en faisant peser sur cette personne une contrainte morale, spirituelle ou physique. Lorsqu’on parle d’abus, on évoque les personnes qui ont un ascendant sur autrui et qui profitent de leur autorité et de leur pouvoir pour se servir de l’autre en vue d’assouvir leurs désirs, voire leurs pulsions. Dès qu’il y a une dépendance qui devient malsaine, où l’autonomie de la personne est liée, il y a signe d’abus. C’est tout le contraire, en fait, de ce qu’est vraiment l’autorité.
La notion d’autorité, c’est celle que nous a montrée l’exemple parfait de notre Seigneur Jésus : être au service des autres pour les aider à croître. L’autorité n’est pas un pouvoir pour décider à la place des autres, mais pour aider les autres dans leurs décisions. Cela va changer notre regard sur ceux qui ont des responsabilités, pour les aider et les encourager à vivre pleinement leurs responsabilités.
Une attention particulière est portée aux abus envers les enfants, particulièrement vulnérables, avec des conseils pour leur parler et les protéger. Que faire concrètement si nous avons connaissance d’une situation d’abus dans l’église ?
Différents types d’abus peuvent toucher les mineurs : abus de pouvoir, abus de faiblesse, abus d’autorité ou encore abus de confiance. Il y a un lien tellement fort et étroit qu’il y a risque de manipuler l’enfant pour lui faire faire tout et n’importe quoi, sans esprit critique ni recul. Ces abus peuvent être pratiqués par des adultes, mais parfois également par les enfants eux-mêmes. Il existe des cas de harcèlement, d’agression, voire plus grave, de viol, que ce soit au niveau de l’église ou dans des structures accueillant les mineurs.
Il nous faut avoir une vigilance accrue pour protéger les enfants et être attentifs aux signes qui trahissent une situation de danger, comme par exemple des comportements perturbateurs, l’isolement, le mutisme, une démotivation, des marques physiques ou des gestes déplacés vis-à-vis des autres enfants. Ce sont là autant d’indices qui révèlent un mal-être chez l’enfant.
La première chose à faire, qui est d’ailleurs une obligation selon la loi, est de signaler toute information préoccupante, prouvée ou non, concernant un mineur aux autorités compétentes. Pour ce faire, on peut contacter soit le service Allô enfance en danger, le 119, ou la CRIP, la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes. Si la situation se déroule au sein de l’église, il faut prévenir la direction pastorale tout en signalant le fait aux autorités de police ou de gendarmerie, pour ne pas laisser en place le potentiel agresseur.
Première diffusion le 24 janvier 2025.





