L’invitée du jour — Vendredi Saint : au cœur de la croix, avec Lydia Lehmann

Le Vendredi Saint est une journée clé du calendrier chrétien : elle commémore la mort de Jésus sur la croix. Mais que signifie réellement cette mort, et dans quel contexte s’inscrit-elle ? Lydia Lehmann, pasteure et autrice, nous aide à recontextualiser ce moment fondateur de la foi chrétienne.
À l’époque de Jésus, le peuple juif est sous domination romaine et attend un sauveur. Pourtant, tout ne se déroule pas comme le peuple juif l’avait imaginé : Jésus est condamné à la crucifixion, une méthode romaine d’exécution très spécifique. Il n’a pas libéré son peuple de l’Empire romain et pourtant, il est appelé « Sauveur ».
Le peuple espérait vraiment un Messie qui pouvait le libérer de cette occupation romaine, quelqu’un de fort, victorieux et guerrier. Ce n’est pas du tout ce qu’est Jésus. Il est un sauveur humain, avec une autorité très captivante, mais aussi tellement humble.
Le peuple juif n’avait pas le droit de mettre lui-même quelqu’un à mort. Jésus est tout d’abord arrêté pour comparaître devant le Sanhédrin, le Conseil suprême religieux. Celui-ci va lui faire tout un procès avec de faux témoins pour trouver un motif de condamnation. Jésus est interrogé de nuit et le vendredi matin, il est emmené devant Pilate, le gouverneur romain de la province de Judée. Celui-ci va d’abord essayer de relâcher Jésus, parce qu’il ne trouve aucune raison de le condamner. Et finalement, il va se faire convaincre par cette élite religieuse de condamner Jésus à mort.
Jésus n’a pas libéré son peuple de cette occupation romaine, mais il a libéré son peuple de l’emprise du mal. Il a même libéré toute l’humanité de l’emprise de ce qu’on appelle le péché : l’être humain qui se déchire à l’intérieur de lui, les êtres humains qui se déchirent les uns les autres, les guerres, la maladie, la pauvreté, la misère qui font tant de victimes. Jésus est venu pour prendre ce mal que nous avons commis, le mal que nous avons subi. Il est venu pour que chacun puisse être en paix avec Dieu. La Croix montre l’amour de Dieu pour l’humanité.
Loin d’être une défaite, la mort de Jésus est un accomplissement. Dans cette histoire déterminante, certaines personnes tiennent une place discrète mais essentielle : les femmes. Jésus, en tant que Fils de Dieu, aurait pu arriver sur terre de bien des manières, et pourtant il est né d’une femme : Marie. Si on parle souvent des disciples, ces amis qui ont suivi Jésus dans son ministère, de nombreuses femmes l’accompagnaient également. Elles sont également présentes lors de la mort de Jésus et ce sont encore elles qui, trois jours plus tard, découvriront son tombeau vide lorsqu’il est revenu à la vie.
Les femmes n’avaient pas une position très importante dans la société. Mais Jésus a vraiment pris le contre-pied de cela. Elles ont été de vraies disciples, dans l’action, et pas uniquement un soutien financier et matériel. Parmi elles, Marie de Magdala, Marie, la mère de Jacques et Salomé. Plusieurs d’entre elles sont montées avec lui à Jérusalem et sont là, à la croix, alors que les douze autres disciples se sont enfuis au moment de l’arrestation de Jésus.
Ces femmes vont être les premiers témoins de Jésus ressuscité. Elles vont être messagères à part entière et ont une pleine place au niveau spirituel. Jésus montre qu’il fait pleinement confiance aux femmes, qu’elles ne sont pas des personnes de seconde zone.
Femmes ou hommes, d’hier à aujourd’hui, la mort et la résurrection de Jésus nous impactent tous.
Pour moi, Pâques c’est le message extraordinaire que tout est renouvelé, qu’un nouveau début est toujours possible. Tous les maux et catastrophes qui ont affecté l’univers, la vie et l’humanité ont été autant de blessures dans le cœur de Dieu. Dans le mal, c’est Dieu qui souffre d’abord, Dieu qui souffre avec nous. Et c’est aussi vrai dans notre quotidien, quand nous traversons des moments difficiles, parfois très difficiles. Dieu est avec nous et il nous présente la solution de sa présence et de son amour immense.








